Optimisation des flux, essor de l’automatisation et de la robotisation, accent mis sur la sécurité et le développement durable… La logistique se réinvente pour soutenir sa croissance et préparer l’avenir, avec des impacts directs – et immédiats – en termes de besoin de recrutement ou d’évolution des compétences.
À l’image d’autres secteurs d’activité, comme l’industrie, la logistique est engagée dans de profondes transformations, mobilisant notamment les technologies digitales et l’intelligence artificielle pour revisiter les systèmes de gestion d’entrepôt et les processus de livraison. Comme le résume René De Koster, chercheur à l’université Érasme de Rotterdam, « nous assistons à des tendances logistiques de centralisation et de décentralisation, à une multiplication des entrepôts automatisés, à l’émergence de dispositifs compacts de préparation des commandes et à l’adoption de nouveaux systèmes robotisés. Les entreprises accordent une importance croissante à la durabilité, à la sécurité, à l’internet des objets et à l’aspect humain. » Ce dernier point est particulièrement important : il ne s’agit pas, selon le chercheur, de remplacer l’intervention humaine dans la supply chain, mais plutôt de définir les contours du travail collaboratif avec la technologie.
La mutation de la logistique, déjà engagée, appelle d’autres travaux de recherche pour identifier des axes d’amélioration continue. Comme l’explique Éric Ballot, professeur en production et logistique à Mines ParisTech, « les enjeux de la recherche sont importants : il s’agit de répondre aux besoins des transporteurs, des logisticiens, des entreprises qui développent des logiciels, des prestataires de services, etc. L’objectif est bien sûr environnemental (le secteur de la logistique produit au moins 13 % des émissions françaises de gaz à effet de serre), mais aussi sociétal (la filière génère environ 2 millions d’emplois) et bien sûr économique (elle représente 10 % du PIB). »
Trois impacts attendus sur les emplois et les compétences
La dimension RH est elle aussi au cœur des défis que le secteur de la logistique doit relever. C’est le sens de l’étude prospective conduite par l’OPCO Mobilités : anticiper les évolutions des emplois, des métiers et des besoins en compétences. Cette analyse a permis d’identifier, en guise de perspectives 2025/2030, plusieurs tendances majeures :
- Des besoins en recrutement dynamisés par l’essor des activités : Près de trois quarts des entreprises anticipent une croissance à deux chiffres du volume de marchandises traitées. Compte tenu de ces projections d’approvisionnement, et des exigences de rapidité et de flexibilité des clients, des embauches massives sont attendues. Deux tiers des entreprises anticipent ainsi une croissance de leurs effectifs, et plus de 40 % d’entre elles une hausse de plus de 20 %.
- Certains métiers, dont de réception / préparation, particulièrement demandés : Déjà prépondérants au sein de la logistique, certains métiers sont les plus susceptibles de connaître une augmentation des effectifs à horizon 2030. Une entreprise sur deux estime que les besoins en manutention devraient croître, tandis que plus d’un tiers anticipe un renforcement de main d’œuvre en conduite d’engins et en réception / préparation – et cela, malgré l’automatisation de certaines tâches dans la chaîne d’approvisionnement.
- Le renforcement de l’attractivité de la logistique, un défi à relever : Compte tenu de la dynamique de croissance du secteur, des renforts de main d’œuvre attendus et des besoins en renouvellement des effectifs actuels, les entreprises doivent accentuer leur posture d’employeur de référence. Face aux tensions de recrutement, deux orientations RH seront privilégiées dans la supply chain : d’abord, le développement du bien-être au travail, pour réduire les problématiques de TMS, améliorer l’attractivité des emplois et limiter les arrêts maladie ; ensuite, la formation sur de nouvelles compétences techniques (maîtrise de logiciels, collaboration homme-machine, etc…).
Quel avenir pour la logistique à horizon 2030 ? Les défis à relever impliquent avant tout de promouvoir ses métiers auprès du grand public et des demandeurs d’emploi, mais aussi de soutenir l’adaptation des compétences pour répondre à la digitalisation du secteur et aux évolutions des attentes des clients.