Intérim, entreprise de travail à temps partagé, groupement d’employeurs… Les différentes formes de mise à disposition de personnels se sont progressivement installées dans le monde de l’emploi, couvrant des métiers et secteurs variés. Si elles sont en phase avec les spécificités de l’industrie et de la logistique, d’autres domaines y trouvent leur intérêt et y recourent dans des proportions variables.
En 2024, l’emploi intérimaire a concerné environ 715 000 personnes. Il y a cinq ans, France Travail en recensait environ 100 000 de plus. Si l’intérim a moins le vent en poupe aujourd’hui, il continue à être utilisé par de nombreuses entreprises pour pallier un manque ponctuel de ressources humaines. Et il intéresse l’ensemble des secteurs d’activité, de manière plus ou moins marquée – surtout ceux connaissant des variations temporaires d’activité. D’après une récente étude de marché sur l’intérim en France, le recours à l’intérim est particulièrement fréquent dans l’industrie (35 %), les services (24 %), le transport (17 %) et le BTP (14 %).
Le tissu industriel reste donc largement dominant dans le recours à l’intérim, bien que sa part diminue depuis 20 ans. La pénurie de talents, subie par deux tiers des entreprises de l’industrie, explique sans doute le besoin de diversifier le sourcing pour compter sur du renfort ponctuel.
De plus en plus de fonctions et de secteurs concernés par l’emploi partagé
Mais c’est aussi une question de culture RH et d’habitudes bien ancrées, comme l’explique un acteur du domaine : « si tous les secteurs d’activité ont besoin de flexibilité, avec des contrats courts, tous ne fonctionnent pas de la même manière : par exemple, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration privilégie le recours aux CDD de moins d’un mois lorsque l’industrie et la construction préfèrent les missions d’intérim ».
L’emploi partagé représente une alternative qui séduit de plus en plus d’entreprises – et de professionnels. D’après un livre blanc réalisé par le Portail du temps partagé, entre 2018 et 2022, le nombre de personnes travaillant pour plusieurs employeurs a augmenté de 17 %. Si cette formule a longtemps été privilégiée par le secteur agricole, elle s’est depuis élargie à beaucoup d’autres fonctions – par exemple, les fonctions support partagées entre plusieurs TPE – et a essaimé dans l’ensemble des secteurs d’activité. Comme le résume le livre blanc, « la vocation du temps partagé n’est autre que de s’adapter aux exigences du marché tel qu’il se dessine ; sur tous les territoires, dans tous les secteurs, le temps partagé prouve son efficience ». Il permet en effet de répondre aux difficultés de recrutement, tout en offrant un contrat de travail pérenne à la main d’œuvre.
L’industrie, plus gros pourvoyeur de groupements d’employeurs
Les groupements d’employeurs, de leur côté, peuvent aussi bien recourir à des emplois partagés qu’à la mise à disposition de personnels à temps plein. Ce concept, lui aussi issu du monde agricole pour mutualiser les ressources dans le cas des emplois saisonniers, séduit de plus en plus de secteurs d’activité. Selon les données des pouvoirs publics, en 2023, un groupement d’employeurs sur trois concernait l’industrie, largement devant les autres secteurs (agroalimentaire, 16 % ; hôtellerie/restauration, commerce, services, respectivement à 10 % ; BTP, 7 %).
La mise à disposition de personnels, toutes formes confondues, s’est donc largement répandue dans les secteurs d’activité, avec des variations notables. D’après de récentes estimations, l’intérim, par exemple, devait représenter en 2024 plus de la moitié des postes proposés par les acteurs du BTP. Quelle que soit la formule de mise à disposition, son intérêt est toujours le même : permettre de répondre aux besoins de l’entreprise, selon sa taille, son business model, etc., tout en offrant une solution aux difficultés de recrutement. Elle ouvre aussi à un changement de paradigme : raisonner, en matière de recrutement, en termes de bassins d’emploi pour des entreprises d’un même secteur d’activité – voire de plusieurs, dans le cas de groupements d’employeurs multisectoriels.